Nous vous avions parlé des trois grandes approches pour l’éducation bilingue, dans ce précédent article… Voici un développement plus conséquent à propos de la première approche : Un parent – une langue, ou en anglais “One parent – one language” (OPOL)
Le concept est simple à expliquer : chaque parent parle sa langue maternelle, sa langue forte, avec l’enfant. Et uniquement cette langue.
(Pour un petit rappel de ce qu’est la langue dite majoritaire, minoritaire, forte, et compagnie, allez faire un tour sur cet article !)
Par exemple, chez nous, Papa Chouette parle en grec aux petites Chouettes, Maman Chouette en français. Comme nous vivons en France, l’environnement est majoritairement français. La langue minoritaire, le grec, est apportée surtout par Papa Chouette, mais aussi par Papou Chouette tout au long de l’année et par le reste de la famille pendant l’été en Grèce. (Depuis peu, Petite Chouette n°1 a commencé l’école grecque, une fois par semaine, et c’est une belle opportunité d’exposition différente et de besoin renforcé, mais on vous en reparlera…)
Les avantages de cette méthode
- Simplicité : chacun parle la langue dans laquelle il ou elle est le plus à l’aise.
- Deux langues riches et correctement parlées : c’est important que les langues entendues par l’enfant soient les plus “justes” possible. Si on parle sa langue forte, on la parle sans erreur, avec le plus de nuance et de vocabulaire, ainsi qu’un bon accent.
- Deux langues de cœur : comme chacun parle sa langue, c’est à la fois la langue qu’on parle le mieux, mais aussi la langue avec laquelle on a des attaches culturelles, familiales, affectives…
- Exposition aux deux langues dès la naissance : pas besoin d’aller à l’extérieur ou d’attendre l’entrée à l’école, l’enfant entend ses deux langues le plus tôt possible, et on sait que c’est un atout ! Cela permet donc un bilinguisme simultané.
Les inconvénients de cette méthode
- Cela demande beaucoup d’effort au parent porteur de la langue minoritaire : il ou elle risque de se sentir un peu « seul(e) au monde »… ça peut devenir difficile à tenir s’il n’y a pas d’autres sources de langue minoritaire dans le quotidien de l’enfant.
- L’exposition est rarement à égalité : il y a souvent un parent qui est plus présent que l’autre, et donc une langue qui est plus parlée/entendue que l’autre. Surtout si le couple parental parle la langue majoritaire et non la langue minoritaire !
- La langue minoritaire risque d’être mise de côté par l’enfant qui n’y est pas suffisamment exposé, et cela crée parfois du bilinguisme « passif » : l’enfant comprend les deux langues mais ne s’exprime que dans sa langue majoritaire. C’est déjà pas mal, me direz-vous, mais c’est souvent frustrant et décevant pour le parent porteur de la langue minoritaire !
Alors quelles astuces et quels conseils ?
On en revient à ce qu’on raconte dans plein d’autres articles, et en particulier ici (clic !)… L’objectif est de grandir l’exposition à la langue minoritaire, de soutenir les efforts du parent porteur de cette langue minoritaire :
- Etre le plus persévérant et cohérent possible ! Surtout pour le parent porteur de la langue minoritaire, c’est vraiment important de s’y tenir… C’est un lourd fardeau, mais c’est un honneur aussi, et vos enfants vous en seront reconnaissants !
- Etre persistant et fier, ça veut dire aussi continuer à parler sa langue même à l’extérieur de la maison ! C’est important pour continuer l’exposition, mais c’est important aussi pour montrer qu’il n’y a aucune honte à avoir à parler une autre langue, au contraire !
- Trouver d’autres personnes qui parlent la langue minoritaire (ça peut être un autre membre de la famille, même à distance et par téléphone ! ou alors une communauté d’expat, des groupes de discussion, des cours de langue pour enfant…)
- Saisir tous les moyens pour faire entendre et pratiquer la langue minoritaire : lecture de livres, livres audio, radio, chansons, télé et dessins animés, jeux…
- Faire de cet objectif un objectif familial ! Il s’agit d’applaudir les efforts et les progrès, d’être fier de chacun, de se soutenir et s’encourager les uns les autres ! Il est vraiment important que le conjoint ou la conjointe soutienne l’effort du parent porteur de la langue minoritaire. Si possible même, en apprenant aussi cette langue et en s’efforçant de la parler aussi parfois ! (Je parle de notre situation et de notre projet dans cet article.)
En conclusion, la technique “Un parent – une langue” est l’une des approches les plus connues. Elle n’est bien sûr pas indispensable pour devenir bilingue, et elle n’est pas toujours possible. C’est une approche qui est riche et puissante, mais qui demande aussi une grande persévérance de la part du parent porteur de la langue minoritaire. C’est l’approche que nous avons adoptée et sur laquelle nous pourrons le plus facilement vous répondre et vous encourager ! Alors c’est parti, on embarque ! 😉