Les Chouettes Bilingues

Accompagner les parents et les enfants dans l’éducation bilingue

Pourquoi est-ce si important de lire des histoires aux enfants ?

Lire des histoires est une merveilleuse opportunité pour aider vos enfants bilingues

Les enfants, ces éponges à mots…

On sait tous que les enfants apprennent en écoutant, en regardant et en imitant. Pour apprendre à parler, ils absorbent comme des éponges tout ce qu’ils entendent, dès leur naissance et même avant, dans le ventre de maman* !

          On sait aussi que plus la langue parlée par les parents sera riche, plus celle des enfants le deviendra aussi. C’est ce qui creuse malheureusement l’écart entre les enfants de différents milieux sociaux, écart qu’on observe à l’entrée en maternelle. L’école est supposé œuvrer pour réduire cet écart, et compenser une part de ce qui ne se transmet pas à la maison.

          Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut de toute façon pas tout faire tout seul… Même avec un riche vocabulaire et une langue bien structurée, un parent ne parle à son enfant que dans un certain registre, avec une certaine étendue de vocabulaire et quelques contextes bien particuliers.

          Et c’est là que la lecture vient nous donner un sérieux coup de main !

Lire des livres = ouvrir la porte à une langue plus riche !

En effet, même si on leur parle tous les jours, avec une langue ou avec deux, on reste quand même plus ou moins dans les mêmes domaines, les mêmes contextes, le même vocabulaire. Lire des livres avec eux permet d’ouvrir les possibles, d’aborder mille et uns domaines différents, de changer de contexte.

          Non seulement la lecture nous offre une palette de vocabulaire différent, mais aussi des structures de phrase qu’on n’a pas l’habitude d’employer au quotidien ou des expressions qui ne nous sont pas familières.**

          À titre d’exemple, on a découvert récemment, dans un album en grec qu’on adore, des tas de choses qu’on se fait un plaisir de mettre dans notre besace… On a appris – et on s’est mis à employer – des verbes pour dire autrement « voir » ou « crier », parce que finalement il est rare qu’on s’astreigne à chercher 36 synonymes pour une chose habituelle. Or, si on réfléchit bien, on est d’accord que, en français, « voir, observer, épier, regarder, scruter, surveiller, apercevoir, distinguer, contempler, distinguer, visualiser, repérer… » , ça ne dit pas exactement la même chose ! Mais qui se soucie d’employer tant de précision en parlant, surtout avec un enfant ? Alors que le livre lui, il emploie ces mots plus spécifiques, il nous livre les synonymes, il nous « force » à les employer et à les faire entendre aux enfants !

          Dans ce même livre, on a appris des expressions familières et imagées, un peu comme les insultes du Capitaine Haddock ! Ou encore des tournures de phrase qui permettent de changer un peu de la syntaxe habituelle.          

Bref, lire des livres aux enfants est une grande grande aide pour diversifier et enrichir la langue, que ce soit dans un cadre monolingue ou bilingue !

Et lire des livres = encourager la découverte et donner soif de connaissances

Encore une fois, que ce soit dans un environnement monolingue ou bilingue, lire des livres aux enfants permet aussi de leur ouvrir des horizons, d’encourager leur curiosité et de leur donner envie d’aller voir plus loin

          Ouvrir des livres avec les enfants, c’est leur montrer la variété des sujets possibles, leur faire entrevoir la richesse du monde, les initier aux différences des cultures… en plus de les faire rire, leur faire (un peu) peur et les passionner. Le livre est aussi un formidable professeur d’empathie : en nous faisant vivre des expériences à la place d’un autre personnage, on découvre d’autres manières d’appréhender la vie, on s’implique et on s’identifie. C’est une manière de devenir plus ouvert aux autres, plus sensible à la diversité des points de vue et des cultures.

          De plus, lire des livres encourage aussi l’imagination. Même avec les albums illustrés pour les jeunes enfants, on est incité à imaginer, à recréer des mondes, à se faire des films. C’est un préalable plus que nécessaire à l’apprentissage de la lecture autonome ensuite, et à la capacité à se plonger dans les livres plus tard. (En plus, il n’est jamais trop tôt pour prendre l’habitude de lire, et donner l’exemple !)

          La lecture entraîne aussi la concentration. C’est un bon exercice pour l’enfant comme pour l’adulte. Pendant une histoire, on ne zappe pas, on ne fait pas plusieurs choses en même temps. On est là, juste là, ensemble.

Lire des livres = partager et faire du lien !

Parce que oui, lire des livres aux enfants, c’est une occasion d’être ensemble et de passer un bon moment ensemble. C’est une sorte de rendez-vous, un moment où on n’est pas là juste à moitié. D’ailleurs, les enfants sentent très bien si on lit en pensant à autre chose ! Ils seront eux-mêmes bien plus distraits si on n’est pas vraiment à ce qu’on fait.

Les rituels, y a que ça de vrai !

Il me semble que c’est important aussi que le moment de la lecture soit un rituel bien ancré. D’abord, parce que les enfants ont besoin de régularité et de cadre. Bébé, c’est ce qui va les aider à distinguer le jour de la nuit, le matin du soir, le moment de l’éveil et le moment du sommeil. En grandissant, un cadre régulier et répétitif va les rassurer, les aider à se calmer et à accepter de se séparer des parents, le temps d’une sieste, d’une nuit, ou d’une journée chez nounou.***

          Alors oui, c’est parfois un peu lassant et sclérosant pour les adultes, qui aimeraient bien s’accorder parfois un peu d’imprévu, fermer les yeux sur la montre, bouleverser les habitudes, et bien sûr c’est possible et agréable parfois, mais il vaut mieux ne pas en faire une habitude, justement.

          La lecture, dans ces rythmes réguliers, peut prendre une place de choix. De notre côté, on a choisi de raconter une histoire en grec le soir, avant le coucher, et une histoire en français avant la sieste, en début d’après-midi. Les autres histoires de la journée étant plus libres et en fonction de la personne disponible. Bien sûr, il y a des exceptions et des contournements ! Par exemple si on reçoit la visite d’un grand-parent, peu importe sa langue, ce sera son histoire. Mais il nous a semblé très important d’instaurer ce rythme et cette alternance pour deux raisons :

– d’abord ça permettait de laisser une plus grande place à la langue minoritaire, puisqu’il y a davantage d’histoires du soir que d’histoires du midi (seulement le weekend et parfois les mercredis).

– ensuite, on s’est rendu compte que si on laissait le flou et le choix, comme on l’a fait quelques fois, ça amenait des tensions, des crises, des atermoiements dont on se passerait bien avant le coucher. Au moins, une fois que le rituel est instauré, plus personne ne râle : « oh non, je voulais une histoire avec maman ce soir… »

          Pour finir, et plus prosaïquement, lire un livre aux enfants les aide à se calmer et s’endormir ! De même que la lecture aide les adultes à trouver le sommeil et à avoir un sommeil plus apaisé et régénérateur, la lecture est un grand soutien pour les parents qui espèrent que leurs enfants s’endormiront vite et bien !  

* Cet article du site santelog.com nous raconte que les bébés, quelques heures après leur naissance, savent déjà faire la différence entre la langue de leur mère et une langue étrangère !

** Lire par exemple cet excellent article sur le site parentsprofesseursensemble.org.

*** On peut par exemple lire cet article de doctissimo.fr, où la psychologue Lyliane Nemet-Pier explique les raisons pour lesquelles les rituels sont importants pour les enfants.


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