Les Chouettes Bilingues

Accompagner les parents et les enfants dans l’éducation bilingue

Est ce que l’enfant bilingue est plus intelligent ?

L'enfant bilingue est il plus intelligent ?

Est-ce que le fait d’apprendre deux langues en grandissant, ça rend intelligent ?

          Dans nos réflexions sur le fait de parler deux langues à nos enfants, avant la naissance de Petite Chouette n°1, on a très vite insisté sur la certitude suivante : on ne fait pas ça pour en faire des singes savants !

          On s’était aussi mis d’accord sur le fait que notre objectif était de transmettre des langues qui faisaient sens pour nous, qui étaient nos langues « maternelles » ou « paternelles », et pas des langues apprises et seulement « utiles ». Bien sûr, on parlait alors l’anglais au quotidien, au travail et avec nos amis, vivant à Stockholm. Et bien sûr l’anglais semble bien plus valorisable et utile que le grec ! Pourtant, on ne se voyait pas parler anglais avec notre bébé chouette.

          Donc, l’objectif pour nous, en choisissant l’éducation bilingue, n’était pas de rendre notre enfant plus intelligent, ou plus compétitif ou préparé au monde de demain, mais plutôt de lui transmettre notre culture et nos racines à travers notre langue.

          Cependant, on se pose forcément la question à un moment, dans un sens ou dans l’autre : en lui parlant deux langues, est-ce que j’aide au développement de l’intelligence de mon enfant ou au contraire est-ce que je la ralentis et la pénalise ?

Alors le bilinguisme, ça aide ou ça embête le cerveau?

Au fil de quelques lectures d’articles et de recherches disponibles, on trouve des réponses intéressantes…

          Dans un article de 2015, publié dans La Psychiatrie de l’enfant * et qu’on peut lire sur cairn.info, les auteurs analysent les effets du bilinguisme et ses liens éventuels avec les pathologies du langage. L’article cite les travaux dont nous avons parlé (mettre le lien), sur l’analyse des troubles du langage. Plus loin, voici l’une des conclusions :

« Les principales recherches sur le bilinguisme et ses conséquences ont permis d’en finir avec l’idée que le bilinguisme retentit négativement sur le développement de l’intelligence. Mais il aura fallu des corrections méthodologiques majeures pour montrer que cet avantage ne peut être atteint qu’en l’absence de variables socioculturelles défavorables. »

          Les auteurs de l’article montrent la différence entre un bilinguisme « choisi », en général dans des milieux plutôt favorisés, et un bilinguisme « subi », lors d’une migration, avec parfois une pression pour apprendre la langue seconde comme langue d’intégration. Forcément, les conséquences ne sont pas les mêmes, autant sur l’apprentissage du langage, des langues, mais aussi sur les processus cognitifs. C’est un peu la même conclusion pour ce qui concerne les troubles du langage (on en parle dans cet autre article).

Bon, et du coup, si le bilinguisme n’embête pas le cerveau, ça le booste ?

Par ailleurs, certains avancent même l’idée que « les enfants bilingues sont plus réactifs ». Cette phrase est le titre d’un article publié sur Le Figaro, rubrique santé, le 4 avril 2012**. La journaliste Carole Piquet évoque une étude faite par deux psychologues canadiennes de l’université de York à Toronto. Celles-ci ont fait passer des tests à 104 enfants âgés de 6 ans, certains anglophones et d’autres bilingues. Il apparaît que les enfants bilingues parviendraient plus facilement à effectuer plusieurs tâches en même temps, car « Les bilingues ont deux ensembles de règles linguistiques à l’esprit et leurs cerveaux sont habitués à basculer d’une langue à l’autre rapidement », selon Peggy McCardle de l’Institut national de la santé de l’enfant près de Washington, finançant le projet.

          Pour conclure, au moins temporairement, on peut citer également Barbara Abdelilah-Bauer***, spécialiste du bilinguisme, qui écrit que « l’enfant du couple mixte acquiert un langage à deux volets ». L’enfant comprend très tôt que chaque objet comporte plusieurs dénominations, apprend à passer d’un système à l’autre, et cette flexibilité est un atout pour l’apprentissage de la lecture ou de l’abstraction en mathématique. Ce serait aussi un gage d’empathie et de tolérance, car l’enfant bilingue, plus ouvert aux différences, serait plus à même de choisir les mots, les gestes, la manière de dire qui conviennent à l’autre.

          Pas de raison de se priver du bilinguisme, non ?

* « Les pathologies du langage dans la pluralité linguistique », Bensekhar et all., dans La Psychiatrie de l’enfant, 2015/I (Vol. 58), p.277-298.

** Article de Carole Piquet, publié dans la rubrique santé du site Le Figaro, 4 avril 2012. Les sources ne sont pas citées.

*** Article évoquant le livre de Barbara Abdelilah-Bauer, Le Défi des enfants bilingues. Article de Sandra de Vivies, publié le 16 mai 2007, mis à jour en 2015, sur Madame Figaro.


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